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Quand les villes engagent des détectives privés

Parce que la police nationale ne se déplaçait pas et que son unique policier municipal ne parvenait pas à résoudre seul une affaire de pollution, le maire de Crégy-lès-Meaux a eu recours à un privé. Une opération qui pourrait se renouveler.

Christel Brigaudeau | Publié le 20.02.2011, 07h00

Mystère à Crégy-lès-Meaux… A douze reprises entre novembre et janvier, cette petite ville briarde de 4500 habitants, en Seine-et-Marne, a été victime d’un pollueur en série. Propres le vendredi soir, les rues de la commune se retrouvaient, chaque samedi matin, jonchées de prospectus découpés en morceaux.

L’affaire — légalement une contravention de cinquième classe — laissait froids les policiers du commissariat de Meaux, dont dépend Crégy.

Alors, pour aider son unique policier municipal à percer le mystère, le maire (PS) Gérard Chomont a fait appel… à un détective privé.

Les élus se sentent abandonnés par les forces de l’ordre

« Comme la police n’a pas le temps, on est bien obligés de se substituer à elle ! » s’agace-t-il, encore échaudé par la fermeture, en septembre, de l’antenne du commissariat dans sa ville. Selon le commissaire du secteur, cette restructuration n’a rien changé : « Les patrouilles sont même plus nombreuses qu’avant et la délinquance n’a pas augmenté. »

Les élus locaux ne l’entendent pas de cette oreille. « Cette semaine encore, on avait besoin d’aide pour arrêter des jeunes à minimotos et personne n’est venu ! Ils sont repartis sans être inquiétés », raconte Pierre Munden.

C’est cet adjoint au maire, normalement chargé des travaux, qui s’est mis en quête du détective privé, en janvier. « J’ai ouvert l’annuaire, dit-il, et j’ai choisi le plus gros cabinet du département, à Melun. » Surveillance, filatures, photos et rapports au kilomètre…

Bon sang, mais c’est bien sûr ! Le 5 février, à 7h50, trois détectives du cabinet Foucher, deux adjoints au maire et le policier municipal ont remis aux autorités un sexagénaire, pris sur le fait en train de disperser les prospectus à travers la fenêtre de sa voiture. « Il voulait se venger du bruit des camions de chantier qui passent devant chez sa mère malade quand il lui rend visite le samedi matin », relate Noël Brissard, expert en filature.

En douze ans de métier, c’est la première fois que ce privé était mandaté par une mairie. Plus habitué aux maris jaloux et aux patrons soupçonneux, il a « procédé comme d’habitude ». Soit quatre nuits de planque, de 21 heures à 9 heures, jusqu’à résolution de l’affaire. Coût de l’intervention : 5000 €.

La facture est salée, mais le maire se dit prêt à renouveler ponctuellement l’expérience. « S’il faut engager une société de surveillance privée, on le fera aussi, affirme Gérard Chomont. Je le regrette, mais si la police n’est plus en mesure de nous aider, on se protégera nous-mêmes. »

Le Parisien